Courir en groupe : il y a un effet d’auto-entraînement, on absorbe l’énergie des autres

http://madame.lefigaro.fr/bien-etre/running-vous-devriez-courir-en-groupe-151015-98940

Running : les bonnes raisons de courir en groupe

Les températures extérieures commencent à baisser, tout comme votre motivation pour courir. Le running en groupe peut vous aider à la retrouver. Entraide, rencontre et réseautage, la tendance du co-running présente de nombreux avantages
Depuis un an, inutile de proposer une sortie à Sarah les mardis après le bureau. Sa soirée est bookée : chaque semaine, elle rejoint d’autres aficionados de la course à pied pour transpirer pendant une heure. Comme de nombreux Parisiens, elle court avec la « Boostchampselysées », l’une des dix communautés de coureurs de Paris formées par la marque de running Adidas.

Si vous arpentez seul les rues lors de votre run hebdomadaire, vous les avez certainement déjà croisés. Eux aussi courent. Mais à plusieurs. Un membre à vélo ferme parfois la course et motive la troupe grâce à une enceinte musicale cachée dans un sac à dos. Ils ne se connaissent pas forcément, parfois ils ne se sont même jamais vus mais ils transpirent ensemble. Ils ont succombé au jogging en groupe, une tendance qui prend de l’ampleur depuis les années 2000, selon le sociologue du sport Patrick Mignon.

Alors que nos pères et mères couraient plutôt en solitaire, la course à pied semble être devenue un sport collectif : « Malgré ses modalités collectives – les entraînements, les courses – le running est toujours prisonnier de cette image de sport individuel. Aujourd’hui, la pratique de la course ne cesse d’augmenter – on compte un peu plus de 9 millions de coureurs en France (2) – et le public s’est élargi aux femmes. Les deux sexes sont à peu près équitablement représentés », informe Patrick Mignon. Selon l’expert, les motivations ont elles aussi changé : moins d’amateurs de courses de l’extrême, davantage de coureurs soucieux de préserver leur santé et leur apparence.

Motivation, sécurité et réseautage

« Je me souviens de samedis matin où je devais porter un bonnet et un k-way pour aller courir. Si l’on ne m’avait pas attendue pour l’entraînement, je ne serais jamais sortie de chez moi ! », reconnaît Sophie, cinquantenaire passionnée de course à pied depuis huit ans. Car si le run collectif séduit autant, c’est bien parce qu’il présente de nombreux avantages, la motivation en tête. Difficile de passer les étapes douloureuses des débuts où les jambes sont parfois lourdes. Avec le co-running, l’esprit d’équipe galvanise les coureurs et les pousse à chausser des baskets par respect pour ses compagnons de bitume. Les autres sont aussi là pour motiver quand le moral est en berne. Autre avantage, pour le sociologue du sport Patrick Mignon, il est plus simple pour un débutant de s’y mettre en mode collectif : « Le groupe permet d’affronter le fait de ne pas être au niveau, il protège du jugement. »

Il y a un effet d’auto-entraînement, on absorbe l’énergie des autres

Cette motivation permet aussi de progresser plus rapidement. Selon Patrick Mignon, « si le joggeur peut parler pendant la course, cela signifie qu’il progresse. En échangeant avec les autres, il s’aperçoit qu’il court de mieux en mieux, améliore ses performances et éprouve donc plus de plaisir. » Pour Sophie, friande de compétition, la performance compte beaucoup. Celle qui court le Paris-Versailles et le marathon de Paris profite du groupe pour évoluer : « On revient sur chaque course, on se félicite, on se raconte comment on l’a vécue, ce que l’on devrait changer pour s’améliorer. Il y a un effet d’auto-entraînement, on absorbe l’énergie des autres » raconte la coureuse.

Vu sous un angle plus pratique, le groupe assure aussi une certaine sécurité. À moins de ne courir que les weekends, quand on travaille, les tranches horaires dédiées au sport sont plutôt restreintes et il n’est pas rare de devoir fouler les trottoirs ou les parcs en fin de journée. Pour Sarah, joggeuse de 27 ans, le groupe est un véritable avantage : « Je peux courir en short et être à l’aise. Je ne m’amuserai jamais à courir seule dans les rues de Paris. » Même constat pour Sophie, qui court seule dans le bois de Boulogne uniquement en plein jour.

Ce que les deux joggeuses aiment par dessus tout, c’est le mélange des genres, de moins en moins présent dans la vie courante : « Ce qui est intéressant, c’est qu’il y a tous les profils dans les groupes de course. Moi qui travaille dans les ressources humaines par exemple, je peux me retrouver à échanger avec des syndicalistes ! » indique Sarah. Au-delà des amitiés qui peuvent naître, la sociabilisation s’étend même au domaine professionnel, permettant de fuseler ses cuisses tout en boostant une carrière. Il y a peu, Sophie a donné son CV à un acolyte de course qui l’avait informée qu’une entreprise cherchait une directrice de communication. Sophie, elle, se souvient de plusieurs étudiants trouvant un stage grâce à leur co-runneurs.

Si vous souhaitez vous lancer, rien de plus simple : en un clic vous pouvez trouver des acolytes pour courir via des plateformes comme Jogg.in, lancée en 2013, ou encore cojogg.fr, fraîchement arrivée en 2014. Ils fonctionnent comme de véritables réseaux sociaux : il vous suffit de vous inscrire et de chercher une date et une course près de chez vous. Sur Facebook, vous pouvez aussi rejoindre des groupes ou même en créer un.